Mali : Hydrocarbures, quel état d'âme ?
Crise d’hydrocarbures: La population malienne à genoux
La pénurie de carburant à Bamako devient un problème récurrent ayant un impact considérable sur la population et les moyens de transport. Les activités sont au ralenti et les déplacements des étudiants, des travailleurs freinés. Pis, certaines boulangeries ferment, en attendant, les autorités ont fermé momentanément les écoles…
C'est la paralysie de l’économie malienne qui est en cours. Cette pénurie a atteint plusieurs activités rentables. Contraingnant des gens à passer des nuits actuellement dans les stations pour se procurer du carburant. Au début, l’essence qui se faisait rare. Maintenant, et le gasoil devient introuvable. Ce qui réduit la circulation des transports en commun communément appelés SOTRAMA. Sur la route, force est de constater que ces sotramas sont remplis de passagers à l’intérieur, à l’arrière, et même sur le toit. Les gens ne savent plus quoi faire et sont obligés de prendre le sotrama pour arriver à destination, même s’il est plein ; l’essentiel est d’arriver.
Les stations services sont devenues des dortoirs, des lieux de querelles : tout le monde est là pour avoir du carburant. Certaines boulangeries ont commencé à fermer leurs portes faute de carburant. Selon certains alarmistes, si rien n’est fait, le pays va droit vers une crise alimentaire. Face à la crise de carburant qui touche le pays, beaucoup sont obligés d’arrêter de travailler. Nombreux sont ceux qui circulent actuellement en auto-stop (WOYO), en moto, en voiture personnelle, en bâchée, en camion, en moto tricycle (katakatani), voire en corbillard… juste pour pouvoir avancer un peu.
C'est dire que le pays va mal lorsque les gens sont contraints à passer 24 heures et souvent au-delà à faire la queue dans les stations pour avoir du carburant, souvent même sans en trouver. Chaka Traoré, conducteur de Télimani, nous narre son vécu en ces temps de crise : « J’ai passé 24 heures dans une station-essence pour pouvoir me ravitailler », dit-il. Est-ce normal ?
La situation interpelle les autorités même si elles sont en voie de prendre des dispositions. La résilience de la population risquerait d'être écourtée.
Déjà, les frais de transport ont pris de l’ascenseur car les quelques rares conducteurs de Télimani, qui disposent du carburant, n’ont pas pitié. Selon Djeneba Koumaré, usagère de Télimani, le coût du transport a explosé. «Maintenant, pour aller de Doumanzana à Missabougou, le tarif est monté à 3 000 F CFA. Bamako ne va vraiment pas bien. Qu’Allah nous vienne en aide», deplore-t-elle.
Avec la crise énergétique, la population s’était résignée, mais avec la crise de carburant, cela devient difficile à supporter, car elle a des répercussions sur les travailleurs et les étudiants. « Je suis obligé d’aller chez mon neveu à pied, à quelques kilomètres, pour qu’on parte ensemble au bureau, car je ne peux plus compter sur mon moyen de transport habituel », nous raconte Mahamadou, un citoyen.
De son côté, Yssoufi Maïga, un autre citoyen, confie un cas survenu à Sotuba : « La semaine passée, j’ai entendu deux filles, au niveau de la station NDC de Sotuba, dire que demain elles n’iraient pas à l’école » (Un passage noté au moment où les cours continuaient). Que c’est regrettable! Inutile de dire ou de mentionner que cette crise a un impact considérable sur l’éducation nationale, d’où la suspension momentanée des cours, une décision salutaire venant de nos autorités.
Certaines personnes se profitent de cette situation. Selon les témoignages de Kadia, habitante de la commune I, : « Dans notre quartier, un monsieur que je connais me vendait l’essence à 900 F CFA le litre, alors qu’il la propose à 1 250 F CFA pour les autres. Nous n’avons pas le choix : on doit la lui acheter, car on en a besoin pour nos déplacements. »
Ami Sangaré, commerçante, affirme qu'elle a une fois envoyé son fils acheter du carburant et ce dernier est revenu avec un bidon de Diago rempli trouvé q à 4 000 F CFA. «J’étais choquée», se rappelle-t-elle.
Seydou Coulibaly, commerçant de son état, confirme cette surenchère. « Une fois, un de mes amis a acheté 20 litres d’essence à 90 000 F ici à Bamako », temoigne-t-il.
Face à la problématique, des alternatives doivent être mises en place, comme par exemple : réduire le temps de circulation des moyens de transport en commun, par exemple circuler le matin de 6 h à 10 h et le soir de 16 h à 19 h. Par ailleurs, faut-il admettre que le risque d’une autre crise nous menace, à savoir celle alimentaire. Du moins, si nos autorités ne remédient pas immédiatement à cette situation qui freine presque toutes les activités et les déplacements dans la capitale.
F Diaby
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