Festival "Fala"
Un tremplin pour l'art et la culture de Baguinéda, en disgrâce
La commune de Baguinéda, avec ses 32 villages et plusieurs hameaux dont ceux des pêcheurs, a brillé de mille feux les 13, 14 et 15 juin dernier. 
À l'occasion de la première édition d'un festival, "Fala de Baguinéda", initié par les fils de la commune. Un festival qui a réussi son baptême du feu avec brio. Il avait comme thème :<< l'Art et la culture au service de la paix et du Développement >>.
Autrefois à Baguinéda, pour voir la danse des masques et écouter toutes les musiques traditionnelles qui l'accompagnaient, il fallait attendre le jour de la fête de l'indépendance du pays pour se rendre devant la sous-préfecture de la commune. Un festival dénommé "Festival Fala de Baguinéda est née pour redonner à la commune l'aura de son art et de sa culture d'antan. D'un coup d'essai, un véritable coup de maître ! Bravo à l'organisation ! Vivement la deuxième édition ! 
<< L'initiative est venu d'abord, je suis artiste naturellement, et l'artiste c'est quelqu'un qui crée, qui essaie à travers son art d'améliorer la situation de tout ce qui l'entoure. Étant de baguineda, je me suis dit pourquoi pas, je pars souvent à des festivals. Je suis souvent appelé comme participant. Je suis même souvent parmi les gens qui doivent donner les idées pour constituer un festival, et chez moi, il n y en a pas. Quand les amis viennent à Baguinéda, ils me disent mais Kaly qu'est-ce qui se passe ? Après je me suis dit vraiment qu'il faut un événement autour duquel on peut essayer d'ajouter beaucoup de choses.  Vous avez l'agriculture et les foires tout ça. C'est vraiment d'essayer à travers l'art et la culture d'unir la population pour pouvoir donner un tremplin à nos différentes activités qui se passent au sein de la commune>>, a expliqué Kaly Sidibé directeur du festival. 
En effet, le programme était très alléchant et varié. De quoi tenir le public de Baguinéda en haleine. Un public nostalgique de son art et de sa culture tombés en disgrâce depuis un moment. Durant ces 3 jours le public de Baguinéda a eu droit à beaucoup de choses. L'orchestre de Baguinéda "Fala djaz", le groupe balafon de Monzoun, le groupe parade de Kogni entre autres, ont émerveillé le public.
 En marge des prestations artistiques culturelles et folkloriques par les troupes et dozons de la commune, il y avait une foire où plusieurs produits alimentaires cultivés sur place ont été exposés y compris les fruits et légumes "made in Baguinéda" sans oublier les produits artisanaux et agricoles. Pour faire une pierre deux coups car le festival se tient à la veille de la fête de Tabaski et au début de l'hivernage. Pour dire que tout le monde y trouvait son compte, paysans et autres publics. 
A en croire le directeur du festival, la cérémonie d'ouverture, a été suivie par des prestations pour les artistes des troupes de la commune de baguineda, des danses traditionnelles et des masques. Aussi, une nuit à été exclusivement dédiée aux chasseurs pour honorer le parrain de l'événement, Mahamadou Komogara, le dosoba (chef des chasseurs traditionnels) de la commune de baguineda.
 L'événement a été  clôturé le samedi avec un concert géant. À l'affiche beaucoup d'artistes dont Adama Yalomba, Rokia Koné Cheich-B, un jeune rappeur natif de la commune et Soul-B. La clôture a été sanctionnée également par la présence de l'invité d'honneur de l'événement, à savoir Habib Dembélé ( Guimbarde National).
Durant la cérémonie d'ouverture, le parrain, Mahamadou Komogara a conseillé le retour à nos sources. Il a également exhorté à la jeunesse de se donner la main et se mettre au service pour le développement de Baguinéda à travers la culture. Pour rappel, lui-même, homme de culture organise depuis 26 ans une nuit dédiée à la promotion de la culture locale. <>, a-t-il conseillé.
Même conseil donné par Drissa Coulibaly, Chef de village de Baguinéda-Camp. En outre il a remercié et à salué les initiateurs du festival et la jeunesse qui n'ont mené aucun effort pour que ce événement voit le jour. Il les a demandé de continuer de se donner la main pour la pérennisation de cette activité, une première du genre et qui met la lumière sur la commune. 
<< Si on était pas tenace. Si ce n'était pas un choix motivé par une noble conviction, on allait lâcher franchement. Ça n'a pas été du tout facile, mais il faut compter souvent sur l'investissement>>, a indiqué le directeur du festival pour dire que tout début est difficile, malgré ils ont tenu bon pour l'honneur de Baguinéda. 
Il a salué les partenaires de cette première édition. Une mention spéciale a été décernée à Prestige consulting qui a offert les matériels et personnels nécessaires pour la bonne tenue de ce festival. Autres partenaires cités sont entre autres, la mairie de Baguinéda, 
Aux autorités, Kaly Sidibé dira qu' on peut beaucoup faire avec l'art. Il leur demande d'accompagner l'initiative. Pour lui, la culture c'est un vecteur de rassemblement et de cohesion sociale. Il compte également sur l'appui de la population locale.
 << Je le dis ! Je le disais tantôt si chacun faisait sa part. On allait réussir. Notre part c'est de créer, c'est d'avoir cette initiative et leur part c'est venir accompagner cette initiative>>, a-t-il fait savoir. 
<< Je suis très heureuse ce soir. Voir la population des 32 villages de la commune se réunir autour d'un événement, est un grand jour. Un jour mémorable ! >>, s'est réjouie Fatoumata Bintou Santara, maire de la commune rurale de Baguinéda-Camp avant de souhaiter bon vent au festival. 
Pour le Sous-préfet de Baguinéda, cet événement est d'une importance inestimable et cadre parfaitement avec la vision et les orientations des hautes autorités du pays, d'où sa présence à cette cérémonie. Il a salué les efforts des deux grandes associations MONARYDASSOKA, Peace-Dev et le centre culturel Donko de Baguinéda qui ont eu l'initiative de réunir la population autour de cette activité.
<< Au regard des potentialités culturelles, économiques et agricoles de la commune rurale de Baguinéda, il est important de créer ce genre d'opportunités pour la valorisation du savoir artistiques et culturels de la localité. Cette initiative, la première du genre, va compenser un manque récréative et devrait permettre à la population de Baguinéda et environnant d'avoir un évènement période qui contribuera à l'épanouissement et au développement socio-économique à travers la culture>>, a indiqué Abdourhamane Mahamane.  
Amadou Maguiraga, président de la commission d'organisation du festival dira que c'est parce qu'ils ont acquis l'accompagnement et la bénédiction des personnes ressources de la commune dont le chef de Donsos et le chef du village qu'ils ont osé lancer cette initiative. 
<< Nous avons beaucoup réfléchi pour le choix du parrain. Finalement le choix est tombé sur Mahamadou Komogara qui se bat pour la valorisation de nos cultures depuis notre enfance>>, a-t-il rappelé. Il a salué l'accompagnement des partenaires dont Prestige consulting, Agro Tropic, l'usine de l'aliment bétail ABM, Éléphant vert, DPA. Il a également rappelé l'histoire du Fala, le nom donné au festival. C'est-à-dire, la rizière de Baguinéda qui est à l'origine de l'installation des 32 villages constituant la commune. D'après lui, c'est pour que la jeune génération se souvienne toujours comment est venue Baguinéda.
Pour rappel, la rizière de Baguinéda est un site historique. Pendant la colonisation, les Français ont fait construire un canal du fleuve Niger à partir de Moussabougou jusqu'à Tanima pour irriguer des champs de riz paddy, de maïs, de petit mil et de sorgho. Ces champs étaient également utilisés pour le maraîchage, et les produits étaient exportés en Europe. Après l'indépendance du Mali en 1960, la rizière est revenue sous la gestion de l'OPIB (Office du Périmètre Irrigué de Banguinéda). Le nom local donné à cette rizière est le "Fala". Pour nos vielles personnes, au temps côlon, le Fala a servi de pépinière pour la zone de Niono. Selon eux, c'est à Baguinéda que les blancs ont expérimenté la culture de riz avant d'investir pour l'Office du Niger.
Cette rizière a joué un rôle crucial dans la sédentarisation des populations et l'établissement de villages dans la région. Elle a contribué à l'autosuffisance alimentaire, à l'économie locale, à la création d'emplois et au développement de services. Cependant, malgré son importance, l'exploitation de cette ressource précieuse n'est toujours pas complète. La superficie totale de la rizière de Banguinéda est estimée à environ "5 000 à 10 000 hectares".
Moussa Sékou Diaby